L’éducation de l’écolier sourd histoire d’une orthopédie – 1822 à 1910. De l’art de prévenir et de corriger les difformités du corps à celui de faire parler et entendre
22,00 €
- Didier Séguillon
- Langue : français
- 366 pages
- ISBN : 978-2-84016-271-1
- Date de parution : 2017
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Depuis la fin du XVIIIe siècle, le devenir des enfants sourds est apparu comme un enjeu de société. Il s’est agi d’instaurer une véritable « orthopédie », au sens que Nicolas Audry donne à ce mot dès 1741, soit « l’art de prévenir et de corriger, dans les enfants, les difformités du corps ». Désinvestir les gestes pour mieux investir la voix: pendant près d’un siècle, les techniques de démutisation occupent une place envahissante dans l’emploi du temps de l’écolier sourd. Cette orthopédie que nous avons qualifiée « d’oraliste » appliquée dans les Institutions de Paris et de Bordeaux à partir des années 1820, connaît son apogée au début du XXe siècle.
Interroger l’histoire de l’éducation des enfants sourds, c’est mettre en évidence la farouche volonté de notre société de faire de la personne sourde une personne entendante. C’est aussi montrer que cette histoire épouse celle de la Langue des Signes Française (LSF) et sa résilience. C’est enfin découvrir qu’au regard de l’histoire du corps du jeune sourd, le sport scolaire silencieux est devenu le porte-drapeau d’une recherche d’une réduction du désavantage social. Le sport silencieux se présente alors comme un contre-modèle à l’infirmité, à l’image de malade ou de dégénéré dont le jeune sourd fut affublé.
Hommage à Bernard Mottez
Liste des sigles et abréviations
Préface
Avertissement et remerciements
Introduction générale
Partie 1 – Avant 1822 : Naissance d’une orthopédie ré-adaptative pour les écoliers sourds. Fin d’un projet d’intégration sociale des sourds par les gestes ?
Contextualisation
Partie 2 – 1822-1880 : De l’art de prévenir et corriger les corps à celui de faire entendre et parler. Une orthopédie en construction ?
Introduction
La gymnastique : élément initial du projet orthopédique
Amoros : sa gymnastique, son projet orthopédique ;
La gymnastique amorosienne, élément central de la lutte contre l’onanisme ;
De Gérando et la gymnastique ;
La pratique de la gymnastique des jeunes sourds : un élément vers l’inclusion scolaire ;
L’éducation du corps au centre de la construction d’une orthopédie internationale ;
De la mise en oeuvre d’un ordre orthopédique à l’émergence d’un mouvement d’opposition sourd ;
Un ordre orthopédique pour l’éducation du jeune sourd ;
Silence, l’ordre est partout nécessaire ;
Auguste Bébian et la critique de la nouvelle organisation orthopédique ;
Émergence d’un mouvement sourd face à l’affirmation d’une orthopédie « oraliste ».
Du projet orthopédique à l’inclusion scolaire dans l’école « ordinaire ». Un contre-projet orthopédique ?
L’emploi du temps : exemple de l’organisation orthopédique des institutions spécialisées ;
De la prévention du mal des poitrinaires à la stigmatisation corporelle du jeune sourd ;
L’inclusion scolaire : fin de l’orthopédie ? ;
Les premières expériences d’inclusion scolaire des enfants sourds dans les écoles «ordinaires» ;
L’éducation des enfants sourds, une affaire ordinaire.
Une orthopédie préventive au service de « l’art de faire entendre »
La prévention par une hygiène bien « maîtrisée » ;
La prévention par le bon usage de l’eau ;
Expérimentations orthopédiques et éducation auditive : dernier maillon du projet orthopédique.
Synthèse
Partie 3 – 1880-1910 : Le corps du jeune sourd réduit au silence ou le triomphe d’une stratégie orthopédique. Au service d’un projet eugénique ?
Introduction
L’ordre médical flotte sur l’éducation des écoliers sourds
Le congrès de Milan, ses recommandations orthopédiques déterminantes ;
Hier, sourd-muet, aujourd’hui, sourd-parlant ;
Jouer du sourd « comme on joue de l’orgue de barbarie » ;
L’orthophonie, nouvelle pratique au service du dessein orthopédique ;
Le corps médical ou les agents d’un ordre orthopédique.
Une gymnastique spéciale pour l’écolier sourd, ou « l’art d’articuler et de mieux respirer »
De la gymnastique générale à l’élaboration d’une gymnastique spéciale pour l’écolier sourd ;
L’articulation : objet central de l’orthopédie oraliste ;
De l’éducation du souffle à celle de l’œil.
Le jeune sourd entre dégénérescence et infériorité
Le jeune sourd, un être dégénéré ?
L’examen anthropologique : un passeport pour l’intégration du jeune sourd ?
Tests et mesures céphalométriques ;
La « psychologisation » de l’éducation des jeunes sourds ;
Le jeune sourd entre irresponsabilité et infériorité.
Face à « l’art d’apprendre à parler », les sourds opposent une contre-orthopédie
Pratiques anciennes et nouveaux choix en matière d’orthopédie ;
La prévention par la recherche d’une bonne hygiène ;
Les congrès, la presse et le mouvement associatif silencieux ;
Les premières pratiques sportives des sourds ;
Rubens-Alcais, premier sportsman silencieux ou « notre union, c’est notre force » ;
En marge de l’orthopédie oraliste, le sport silencieux scolaire se constitue ;
Reconnaissance du sport scolaire silencieux.
Synthèse
Partie 4 – Après 1910 : Vers une lente et progressive reconnaissance d’une différence particulière ? Une voie ouverte vers l’iconicité ?
Vers une lente et progressive reconnaissance d’une différence particulière ?
Conclusion
Conclusion
Parler, c’est (peut-être) cesser d’être sourd ;
Faire du jeune sourd un élève entendant ;
Silence dans les rangs ;
Pour que l’inclusion scolaire des écoliers sourds ne soit pas un nouveau Milan ;
Le sport scolaire silencieux : un authentique lieu d’intégration ;
Égalité et inclusion sociétale des sourds, un nouveau rapport ?
Postface
Bibliographie contemporaine
Repères chronologiques
Index des noms
Table des illustrations
Illustrations